Je ne me souviens pas trop de l’opération, celle qui m’a écartelée en m’apportant un spectre de douleur incommensurable. Je suis chanceuse d’avoir survécu.
Maintenant, je vis entourée d’eau, mais je ne nage pas. Je fais face à tous les éléments sévères qui détériorent ma surface. Certains croient que j’ai subi une métamorphose puisque j’ai changé de couleurs en vieillissant — une transformation de l’automne au printemps. Pourtant, je suis toujours la même à l’intérieur.
Dans ma jeunesse, je voyais des espaces ouverts expansifs et des chevaux qui trottaient dans mon grand royaume. Et puis, au cours de quelques décennies, de grandes extrusions géométriques m’entouraient; je coulais de plus en plus sans être submergée. Avec le temps, cette prospérité s’est finalement élevée au-dessus de moi. Je ne pouvais plus baisser mes yeux sur tout ce qui était autour de moi. Je me sentais souvent protégée et mes citoyens me rendaient visite plus fréquemment. Mais la prospérité apportait tristement la rancœur.
Le onzième jour fatidique, je me suis réveillée tôt le matin et j’admirais mes deux constructions dont j’étais le plus fier. Soudain, un feu s’est embrasé dans la première et avant que je puisse comprendre la situation, la deuxième s’est enflammée et s’est écroulée avec tous mes beaux citoyens. Ils étaient fâcheusement dans un nuage de mes trésors flamboyants et ruinés. J’ai été bouleversé par une vague de mélancolie — un nouveau profond traumatisme saignant — encore pire que celui causé par l’opération.
Indépendamment de cette grave atrocité, je maintiens ma détermination à continuer à éclairer le monde avec liberté.
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